mercredi

Vent de tempête entre les tours

Bousculade.

Un de ces matins, je prendrai la peine de hurler et de passer pour un fou.

La Défense, Paris.

Un livre à la main, je me fraye un chemin au milieu des bras qui se poussent pour sortir les premiers de ces galeries souterraines. Le métro derrière moi bippe puis s'engouffre dans le noir implacable des voies de garage.

Sueur sur le front. Il fait horriblement chaud ici. Les gens, énervés par le confinement et la chaleur se lancent avec frénésie vers les portillons de sortie. Ma marche rapide rythmée par les tamtams de mon baladeur qui peine à couvrir le brouhaha des pas et des discussions matinales inutiles est incessamment interrompue par les déviations intempestives des gens qui vont dans tous les sens.

Bout du tunnel. Lumière. Enfin.
Pluie... Putain de ville de merde.
En haut des escalators toujours en réparation, ces pauvres gars qui distribuent leurs journaux gratuits que les gens lisent pour être au courant de ce qu'ils ont déjà vu hier, quand la figure contrite de PPDA leur a distillé leur dose salutaire d'informations directement pompées dans les flux RSS d'un quelconque site Internet. "Matin Plus", "20 minutes", "Métro", des noms évocateurs. Les nouveaux vecteurs de la pensée unique et institutionalisée...

Les gens qui fument dehors. Le logo que je connais si bien et qui s'étale en lettres blanches sur fond bleu au dessus de la porte qui m'invite une fois de plus à aller me réchauffer au sein de sa sécurisante et frénétique torpeur.Et c'est parti.

Bonjour au gardien de mon temple de l'assurance. Couloirs éclairés par des néons vomitifs. Ascenseur. Bip. Un gars qui monte au premier pour descendre au second. Gros, bien évidemment. Et laid, puisqu'il travaille pour la même société que moi. 7ème étage.

Mon étage. L'étage de tous les rêves. Avec mon PC. Ma connexion à la vie. Au reste. A l'univers.Avant ça, serrages de mains. "Bonjour Machin, bonjour Truc. Ah ! XXX n'est pas là ? " "Non, il est en déplacement". Mines convenues, sourires d'usage.

Café. Rite rassurant. Je prends mon verre d'eau, histoire d'avoir quelque chose à faire. Et la journée commence. Ou plutôt, la journée se met en pause jusqu'à ce soir. Pause.